Un dimanche matin de la mi-septembre, sur la place de Lacaune, ils étaient neuf à prendre la route de Genève. Puis, le soir même, croquenots aux pieds, le chemin vers Compostelle, depuis la frontière suisse jusqu’au gîte de la Fromagerie, à une lieue et demie.
Une petite colonie qui entrait – pile et poil – dans le minicar mis à disposition par la Communauté du Haut-Languedoc. Leur point commun : sociétaires du club local de randonnée. Pour certains, des adhérents si frais qu’ils ne connaissaient aucun de leurs « coreligionnaires », et encore moins la bonne façon de prononcer le mot « Passejaire ». Pourtant ils allaient vivre ensemble durant 15 jours. Sur un chemin (GR®65) bien balisé cependant, ce qui leur a permis, à leur gré du moment, soit de rester bien groupés, soit de prendre leurs distances, par l’avant ou l’arrière. Mais, lors des étapes nocturnes, c’est souvent ensemble qu’ils doivent trouver le repos : dortoirs uniques avec des lits gigognes à l’espace contraint, ou encore, tout près du sol, à 9 dans le même tipi.
Des aventures, il y en eut, surtout des bonnes. Mais qui ne sauraient occulter totalement quelques mésaventures. Pour certains de ces sexagénaires (au moins), le corps s’est parfois regimbé. Heureusement, l’assistance était là : technique, avec le véhicule ; morale, avec le soutien de leurs compagnons plus fortunés. Au bilan, seuls Marie-josé Hakim et Daniel Duvernay ont signé l’intégrale : 350 km du Genevois jusqu’au Puy.
Sur la place de Lacaune, le dimanche en 15, ils étaient 9 qui, semble-t-il, avaient bien du mal à se séparer. Parmi les thèmes à retenir : les étapes, toutes différentes, mais avec un vrai effort porté par les hébergeurs (en demi-pension le plus souvent) sur les produits locaux tels caillette, caillé… ou des recettes maison (pâté vegan) ; ces églises ouvertes sur le chemin avec, outre l’invitation à la méditation, leurs petits trésors ou particularités architecturales ou iconographiques ; ces intermèdes culturels, comme le récital à la bougie d’un jeune pianiste, la maison de Berlioz, la vie de l’écrivain Jules Romains à Saint-Julien-Chapteuil (Haute-Loire), ou encore l’écart – non autorisé ! – pour le Palais idéal du facteur Cheval.
Enfin, ils se sont quittés... Destination : la vie quotidienne. Mais avec des souvenirs plein la tête, et le secret espoir de se retrouver lors d’une prochaine itinérance. Car c’est le chemin qui prend l’homme !
André Suc, Los Passejaires-Randonneurs des Monts de Lacaune
