La Berce du Caucase est une Apiacée qui a été malencontreusement introduite en Europe de l’Ouest au milieu du XIXe siècle, en tant que plante ornementale. Pour souligner sa très grande taille et sa robustesse, les scientifiques l’appellent Heracleum mantegazzianum, en référence à Héraclès, héros de la mythologie grecque, Hercule chez les romains. Elle fait partie des « EEE » (Espèces Exotiques Envahissantes) les plus surveillées en France métropolitaine : riche en psoralène et ses dérivés fortement photosensibilisants et phototoxiques, elle provoque, par simple contact des feuilles avec la peau suivi d’une exposition au Soleil, une très violente inflammation, comparable à une grave brûlure, qui peut laisser des cicatrices à vie. La réaction est aggravée si la peau humide est en contact direct avec la sève.
À ce jour, la Berce du Caucase n’a pas été signalée dans le Tarn et elle reste rare en Occitanie, excepté dans les Pyrénées, où une importante population semble avoir été éradiquée ces dernières années aux environs de Saillagouse. Ailleurs en France métropolitaine, elle est surtout présente dans la moitié Nord de la France et dans les zones de montagne, régions où le climat lui convient mieux. Sa très grande taille suffit habituellement à l’identifier mais – au vu du danger qu’elle représente - il faut la distinguer de deux autres berces présentes dans le Tarn : la Berce sphondyle (Heracleum sphondylium) et la Berce de Sibérie (Heracleum sibiricum), qui ont aussi, mais heureusement à moindre degré, une sève photosensibilisante et phototoxique. Les Clématites, dont la Clématite des haies (Clematis vitalba), et plusieurs autres Apiacées (ex-Ombellifères) comme le Panais brûlant (Pastinaca urens) ou le Cerfeuil des fous (Chaerophyllum temulum), peuvent aussi provoquer par contact des dermatites sévères.
Si vous souhaitez débroussailler un terrain où se trouve l’une de ces espèces et éviter de vous retrouver aux urgences, évitez le contact entre la plante ou sa sève et votre peau, surtout si celle-ci est humide : évitez short, torse et bras nus, portez des gants, une large visière de protection (protégez vos yeux !) et des vêtements couvrants.
Dans les descriptions qui suivent, les caractères distinctifs de chaque espèce sont soulignés.
la Berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum)
La Berce du Caucase est une plante robuste de très grande taille :
- Sa tige, haute de 2 m à 4 m à la floraison, peut atteindre 10 cm de diamètre. Elle est plus ou moins cannelée, couverte de poils rudes, tachetée de pourpre violacé.
- Ses feuilles, vertes sur les deux faces, sont de très grande taille (jusqu’à 2 m de longueur et 1,5 m de largeur), à pétiole cylindrique non canaliculé sur le dessus, à limbe divisé à sa base en 1 à 3 paires de segments libres et opposés, aux divisions confluentes, et terminé par un plus grand segment, également à divisions confluentes. Selon les populations observées, ces segments sont tantôt étroits, profondément dentés à longues dents effilées et aigües, tantôt plus larges comme sur la figure 1, alors à dents plus ou moins profondes, tous à marge irrégulièrement denticulée (comparer différentes photos données sur Internet par Tela Botanica ou PlantNet).
- Son inflorescence est en ombelle d’ombelles, d’au moins 50 rayons, pouvant atteindre 1,5 m de diamètre, dont 50 cm pour la seule ombelle centrale.
- Ses fleurs sont blanches, leurs pétales extérieurs fortement développés et rayonnants ressemblent à ceux de la Berce sphondyle (Image 2).
Si vous observez la Berce du Caucase, où que ce soit en France, signalez sa présence et sa localisation, si possible en joignant des photos où l’on voit la plante entière, sa tige florale, le pétiole de ses feuilles.
La Berce sphondyle ou Grande Berce (Heracleum sphondylium)
La Berce sphondyle est une plante de grande taille, mais atteignant rarement plus de 1,5 m de hauteur lors de la floraison. Toute la plante est finement velue à poils blanchâtres. Sa tige ne présente pas de petites taches pourpres. Ses feuilles ont un pétiole nettement canaliculé sur le dessus et un limbe découpé en une ou deux paires de segments opposés libres à la base, surmontés d’un segment terminal, tous incomplètement divisés en lobes confluents et irrégulièrement dentés, pouvant être plus arrondis ou à dents plus courtes et plus obtuses que ceux de la jeune feuille de la figure 2. Son inflorescence est en ombelle d’ombelles, d’au plus une trentaine de rayons. Ses fleurs sont blanches, à pétales extérieurs rayonnants.
La Berce de Sibérie (Heracleum sibiricum)
La Berce de Sibérie est une plante de taille moyenne, ne dépassant guère 1 m de hauteur, couverte d’une fine pilosité blanche et hérissée qui lui donne souvent une couleur légèrement cendrée. Sa tige, cannelée et anguleuse, ne présente pas de petites taches pourpres. Ses feuilles ont un pétiole nettement canaliculé sur le dessus et un limbe découpé en 1 ou 2 (rarement 3) paires de segments opposés, libres à la base, et un segment terminal, présentant tous des lobes confluents, irrégulièrement dentés, au contour général plutôt arrondi. Son inflorescence est en ombelle d’ombelles, d’au plus une trentaine de rayons. Ses fleurs sont globalement jaune verdâtre, à pétales blancs peu développés.
Textes et photos de Philippe DURAND, Société Tarnaise de Sciences Naturelles – stsn@wanadoo.fr